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Scribes of the Imperium

Vous trouverez ici des règles "maison", des modifications, addenda, ajouts de background, personnages et autres élucubrations rôlistiques compatibles avec l'ensemble (ou presque!) de la gamme de jeu de rôle de l’univers de Warhammer 40k. Les règles "maison" présentées ici ont été testées, jouées, validées et définitivement adoptées par une demi-douzaine de table et autant de MJ sur plus de cinq années. Les éléments de background et d'historiques sont soit des créations originales, soit de très lourds développements d'éléments donnés dans les livres de règles. Le contenu présenté ici n'est pas officiel et pas reconnu par Games Workshop. Il est mis à disposition gratuitement et sans aucune visée commerciale.

Johnny Couillu et les Chewing-gums à la Fraise

Johnny Couillu et les Chewing-gums à la Fraise
Johnny Couillu et les Chewing-gums à la Fraise

Les Aventures Trépidantes du Garde Impérial Johnny Couillu, Sarcastique Défenseur de l'Humanité

Johnny Couillu et les Chewing-gums à la Fraise

 

Par Willerm Ferbanks Cruz-Major,

Convicteur Principal pour le

Secteur Ixianad, Service

Communication & Propagande

du Departmento Munitorum

Sous-division des

Champs de Zenda

 

 

Le vaisseau des régiments sinopolites filait à travers les domaines de l'Empereur en direction de leur planète d'origine. Pour les combattants qui avaient connu le feu et qui avaient senti sur leur visage le souffle des xenos, c'était "la perm" !

A bord du Night Slider, 7500 gardes impériaux fatigués mais heureux rentraient chez eux. Au beau milieu du cycle de sommeil, ils rêvaient aux vertes prairies de Sinopole et à l'odorante soupe aux choux qui les attendaient, met local délectable dont tous étaient friands.

L'officier-scientifique Acantias avait bricolé un support pour son projecteur portatif qui éclairait faiblement la tiède cellule occupée par Johnny Couillu et ses camarades. Excités par la perspective de retrouver la terre qui les avait vu grandir, les quatre compagnons de chambrée n'arrivaient pas à trouver le sommeil et avaient décidé de passer le temps en se racontant des histoires effrayantes. Celui qui frémirait ou esquisserait une grimace de dégoût ou d'inquiétude devrait payer les rafraîchissements aux autres une fois débarqués au spatioport.

"- Et alors l'eldar prend un grand couteau tout parcouru d'éclairs violets et le plonge vers le postérieur du psyker cul-nu qui beugle comme un grox ! Il lui découpe la rondelle, comme ça, et l'offre à ses divinités débiles !" termina Johnny Couillu.

"- Mais, Johnny-mon-pote, on la connaît cette histoire, c'était il n'y a pas si longtemps et on l'a tous vu*…" renchérit amicalement le première classe Tenghu en se grattant la barbiche. "

 

*Voir Johnny Couillu contre les Eldars Désanuseurs de Psykers.

 

"- T'y arriveras pas, Johnny, t'es vraiment pas un grand poète." continua la première classe Rositanie en s'étirant. Sa peau tannée par plusieurs mois de campagne, moite de la chaleur des dortoirs du Night Slider, émis une odeur douceâtre de transpiration qui éveilla les sens des trois hommes. Ils restèrent néanmoins stoïques, comme il se doit lorsqu'on partage en tout bien tout honneur sa cellule avec une sœur d'armes.

"- J'essaie une dernière fois de faire monter en vous l'adrénaline !" continua Acantias qui réajusta ses lunettes pour se concentrer.

En effet, malgré plusieurs histoires et affabulations plus affreuses les unes que les autres, aucun n'avait frémi : il faut plus que des mots pour effrayer un guerrier de l'Imperium de l'Humanité ! Vous le savez, lecteur, Johnny Couillu est un piètre conteur, car en homme d'action, il agit, et parle peu. Cette nuit, il aurait tout de même bien voulu savoir ce qu'était la peur. Alors il braqua son regard sur le svelte officier-scientifique par dessus ses lunettes de soleil et grommela d'une voix menaçante :

"- Fiche-moi les pétoches, si tu l'oses."

Tout le monde s'esclaffa de bon cœur jusqu'à ce que quelques coups martelés de l'autre côté de la paroi demandant le silence pour ceux qui dorment.

Acantias, murmurant, commença :

"- Il est une terre sauvage, aux confins de la galaxie, où les hommes vivent loin de Sa lumière. Ils partagent leur exil lointain avec des insectes blanchâtres et mous de la taille d'un doigt qui grouillent en tas sur les landes désolées."

Acantias bougea les doigts lentement et fit un drôle de bruit baveux avec sa bouche pour donner plus de corps à son récit. Il reprit :

"- Les hommes récoltent ces amoncellements de vers avec de larges paniers en osier tressé, tels des pelles. Puis ils jettent leur récolte dans de grands chaudrons d'huile bouillante dans laquelle les larves sont frites à cœur. Elles constituent alors, agrémentées d'un peu de sel, la principale nourriture de ces pauvres hères.

Le gros Jyve était un jeune feignant. Ceux de sa tribu le toléraient car ces hommes étaient bons et pardonnaient aux paresseux malgré leurs vies difficiles. Jyve attrapait de ses mains balourdes les larves croque-sel qui avaient à peine refroidi sur les linges tendus au vent. Tous les jours il mangeait et remangeait, et remangeait encore. Il était insatiable et adorait le petit goût de cacahouète de son plat préféré. Plusieurs fois les femmes de la tribu l'avertirent :

"- Gros Jyve, tu manges comme dix ! Aide au moins les hommes à aller cueillir les larves. Ou surveille la cuisson avec nous ; tu sais bien que le secret de la recette est dans la cuisson.

- Pourquoi regarder les larves cuire alors que je peux les manger ? Que vous êtes bêtes ! Vous feriez mieux de les manger avant moi si vous ne voulez pas que j'en ai !" répondit impudemment Jyve.

Les femmes secouèrent la tête pendant que Jyve se délectait bruyamment de la friture grasse.

Un jour, à peine les larves avaient-elles été jetées dans le chaudron que la matriarche eut un malaise. Les femmes l'emmenèrent dans sa cahute, laissant la friture sans surveillance. Jyve assista à la scène et commença à bouder, puis fut pris d'une grande terreur : les larves allaient brûler ! Il se dandina jusqu'au chaudron et utilisa la longue épuisette pour en sortir les larves à peine jaunes. Il répandit la moitié sur le drap et laissa l'autre moitié brûler au fond du chaudron. Même lui ne pouvait manger tout un chaudron de larves croque-sel…

Il attaqua avidement les larves tièdes. Elles étaient encore juteuses et molles, mais le goût de cacahouète était bien présent et il avait tellement faim ! Repus, il alla s'allonger sous un bel arbre orange à l'extérieur du village. Il rêva de larves. De montagnes de larves. De vagues de larves qui l'engloutissaient. Les larves lui entraient par la bouche, par le nez, par les yeux et par tous les orifices de son corps bouffi.

Il se réveilla en sueur et essuya la vomissure qui séchait sur son menton. Il constata alors que son bras fourmillait. Des larves blanches rampait dessus ! Il secoua son bras et les larves tombèrent. Mais d'autres apparurent. Elles ne jaillissait pas de sa chair, non : c'est son corps qui se fractionnait distinctement ! Son bras s'effondra subitement en un amas de larves. Jyve se leva en meuglant, tituba, et tomba face contre terre : ses jambes avaient laissé place à deux amoncellements de larves ! Il roula dans la poussière alors que son corps se morcelait en des centaines de larves grouillantes. Sa tête émis un gargouillis immonde qui ne se termina que lorsque sa langue devint une larve bien grasse.

Alertés par le bruit, les hommes de la tribu accoururent et virent le tas de larves. Acclamant cette manne, ils allèrent chercher les larges paniers d'osier…"

Johnny croqua dans un biscuit sec et tendit le paquet à Tenghu qui se servit.

"- T'as fini ? T'es un peu tordu mais tu causes toujours bien." reconnu Rositanie.

"- Ouais. Acantias-mon-pote, ch'était chale." continua Tenghu en envoyant des miettes sur les matelas.

Acantias se préparait à répondre quand on entendit une plainte étouffée qui provenait de derrière la porte de la cellule. Johnny Couillu attrapa sa bourse de dragée sans y penser, se leva d'un bond, et ouvrit la porte qui révéla l'aide de camp du colonel Valor. Chirus Ratus était assis comme un enfant sur le sol en métal du couloir, et une tâche d'urine marquait le son confortable pantalon de flanelle qu'il portait chaque nuit.

"- Alors, Ratus, on écoute aux portes ?" demanda Johnny Couillu d'un ton badin.

"- Et on n'aime pas ce qu'on entend ?" continua Rositanie en fixant la flaque qui se formait entre les jambes du triste lèche-bottes.

"- Hey, Ratus-mon-pote, tu payes ton pot à l'arrivée ? Tu joues, tu perds, tu payes !" termina Tenghu.

Ratus trépigna :

"- Non-respect de l'ordre d'extinction des feux ! Tenue de sommeil non-règlementaire ! Consommation de nourriture dans les chambrées ! Vos comptes sont bons ! Pas de perm' pour vous quand je l'aurai dit au colonel !"

Un las "- La ferme, Chirus !" se fit entendre de la cellule d'en-face.

Acantias s'approcha de l'aide de camp et l'aida à se relever, ses mains agrippant les épaules de Ratus et sa mécadendrite saisissant le fond de pantalon trempé.

"- Ne faites pas d'histoire, aide de camp. Tout le monde retourne se coucher tranquillement en oubliant les faiblesses des uns et des autres."

"- Jamais ! Le règlement c'est le règlement !" cria Ratus.

Un "- Ta gueule !" plus appuyé arriva d'une chambrée proche.

Rositanie bailla. Tenghu se massa une épaule. Les quatre camarades rentrèrent dans leur cellule. Johnny lança une dragée à Ratus :

"- Tiens. Fraîcheur-océan. Ça fait les gencives saines et les dents fortes. Comme ça il y aura un truc costaud chez toi…"

Ratus, en rage, fila au fond du couloir et tambourina sur la porte d'une cellule individuelle :

"- Enseigne Fähnrich ! Réveillez-vous et mettez Johnny Couillu aux arrêts !"

Un très ferme "- On t'a dit ta gueule !" s'éleva d'une cellule éloignée.

L'enseigne Fähnrich, un gaillard aux bras d'ours dont le premier pouvait soutenir à lui seul la grande bannière du 5ème sinopolite pendant que l'autre distribuait de puissants coups d'épée-tronçonneuse, ouvrit la porte de sa cellule et se frotta les yeux. Il demanda d'une voix pâteuse :

"- Il y a un danger imminent pour que vous me réveilliez comme ça, seconde classe ?"

Ratus n'eut pas le temps de répondre. La lumière du couloir passa au rouge et les haut-parleurs crachèrent :

"- Alerte de niveau noir ! Défaillance du champ de Geller ! Intrusion d'entités warp détectée ! Alerte de niveau noir !"

 L'enseigne Fähnrich retrouva pleinement ses esprits :

"- Par la sainte Veille du Sigillite ! Bien vu, Ratus ! Allez chercher le colonel !"

Ratus resta planté là dans ses pantoufles humides.

Puis, à l'adresse des gardes qui ne dormaient déjà plus :

"- Aux armes ! C'est un abordage ! Défendons le vaisseau, fils de l'Empereur !"

Johnny Couillu jaillit dans le couloir, affûté comme une lame monomoléculaire par l'appel aux armes de Fähnrich. Il était suivi de près par Tenghu armé de son sabre, par Rositanie et son pistolet-mitrailleur fétiche, et par Acantias dont la mécadendrite changea d'embout en cliquetant.

"- Tu as pris quelle dragée, Johnny ? Je ne connais pas ce parfum…" questionna l'officier-scientifique.

"- Je mange pas de dragée, là.

- Mais alors qu'est donc cette senteur sucrée ?"

Acantias avait raison : une forte odeur de fruits rouges flottait dans le couloir, surprenant les gardes au sortir de leurs cellules.

Entassés dans le couloir étroit, assourdis par le message d'alerte qui tournait en boucle, les hommes avaient quelques difficultés à s'organiser. Soudain, les haut-parleurs se turent et l'odeur de bonbon s'épaissit et envahit l'espace. Quelque chose éclata avec un bruit sec au milieu des gardes juste entre Johnny et l'enseigne Fähnrich. Les gardes proches furent repoussés dans leurs chambres dont les portes claquèrent.

A quelques pas de Johnny se dressait maintenant un humanoïde étrange. Jeune et bien fait de sa personne, on aurait pu le croire engagé au sein de l'Astra Militarum. Mais son accoutrement et son attitude ne laissaient aucune place au doute : cet étranger venait d'un autre monde ! Il portait une cuirasse d'or dont les volutes de métal se perdaient les unes dans les autres, et une toge éthérée enveloppait ses jambes galbées. Malgré sa chevelure blonde dont la vague aurait rendu jaloux les maîtres-esthéticiens de Jurande, malgré son visage carré et volontaire, ses yeux n'exprimaient que malice et amusement. L'odeur était désormais palpable et les derniers gardes reculèrent prudemment devant cette manifestation du warp.

La créature tourna dédaigneusement le dos à l'enseigne Fähnrich et à Chirus Ratus dont la mâchoire béait. Il fit un pas en direction de Johnny et ses amis.

"- Johnny Couillu… Johnny Couillu, c'est toi que je cherche. On m'appelle Balam'Haar. Je suis un Prince. Et comme tous les Princes, je veux faire montre de largesses…

- En parlant de largesse, tu m'as l'air d'un bon gros con ! lança Johnny dont le corps et l'esprit détestaient dès à présent son interlocuteur.

- Voila la raison-même de ma présence ici : ta détermination. Et je n'offre mes chewing-gums à la fraise qu'aux êtres les plus talentueux.

- Vous voulez donner des chewing-gums à Johnny Couillu ? questionna Acantias.

- Pas n'importe quels chewing-gums. Et pas seulement à Johnny. Pourquoi lui seul y aurait-il droit ? Au contraire de ses dragées…"

L'invité impie cherchait à créer la dissension entre les soldats de la Garde ! L'indéfectible loyauté de Tenghu lui hurla d'agir. Il brandit son sabre et lança son cri de guerre : "- Sinopole tue !" en se précipitant sur son adversaire. Ce dernier leva la main et des filaments élastiques en jaillirent. Ils saucissonnèrent Tenghu qui tomba aux pieds de Balam'Haar qui ne lui jeta pas un regard.

Son autre main esquissa un geste en direction de Rositanie qui le mettait en joue :

"- Je traite avec Johnny Couillu, serviles soldats de l'Empereur-cadavre…"

Un voile collant et odorant tomba de nulle part sur Rositanie qui commença à suffoquer. Acantias la tira en arrière et entreprit de retirer la substance malsaine. La situation avait rapidement dégénéré ; mais quand y'en a marre, ya Johnny Couillu.

Notre champion fonça sur Balam'Haar à travers le couloir :

"- Laisse mes amis en dehors de ça !"

Il se jeta sur lui à l'horizontale, à pleine vitesse, comme les catcheurs des arènes des Corridor. L'étranger recula de plusieurs mètres et atterrit dans la chambre de l'enseigne Fähnrich en emportant avec lui un Ratus éberlué. Johnny roula à sa suite au milieu du mobilier en fer qui se répandit en tous sens dans la pièce exigüe.

Balam'Haar n'eut pas le temps de se relever que déjà Johnny était sur lui et entreprenait de lui marteler la figure de ses poings rageusement fermés. Il ne cherchait même pas à se protéger. Au milieu de la puanteur écœurante de fraise, un ricanement monta de l'amas caoutchouteux qu'était devenue la figure Balam'Haar. Johnny reprit son souffle et constata à la lumière blanche de la chambre que la peau de son ennemi était d'un rose brillant, comme du plastique. De répulsion, il marqua un temps d'arrêt. Balam'Haar en profita pour lui asséner un coup de poing phénoménal dans la tempe. Johnny se releva en se tenant le front qui dégoulinait de sang. Le visage de Balam'Haar se reforma et son rire profond et sardonique emplit l'espace.

Des filaments sortirent du néant. Certains firent battre la porte et en bloquèrent l'ouverture, d'autres saisirent les bras et les jambes de Fähnrich qui venait d'armer son pistolet à plasma et le soulevèrent. Johnny Couillu, sonné, s'adossa à la porte.

"- Pense à cette proposition, Johnny. Mes chewing-gums sont plus puissants que tes dragées. Tu obtiendrais la force et la rapidité que tu souhaites, sans avoir à craindre une saveur peu ragoûtante. De la fraise. Uniquement de la fraise. Suave, savoureuse, magique. Et tes amis en auront aussi. Tu veux que tes amis soient forts eux-aussi, pas vrai ? Tu ne veux pas qu'ils soient faibles, qu'ils meurent, n'est-ce pas ?

- Mes amis sont déjà forts : l'Empereur est avec eux !

- Bien dit, première classe Couillu ! Ne palabrez pas avec cette engeance ! Tuez-le !" confirma Fähnrich.

Deux plaquettes de chewing-gum rose apparurent devant Fähnrich et Ratus. Ratus comprit instinctivement ce qui allait se passer et posa sa main devant sa bouche. Des filaments vinrent l'en retirer et les plaquettes allèrent se fourrer dans la bouche des deux infortunés.

"- Mes chewing-gums peuvent rendre fort ; ils peuvent accomplir bien d'autres miracles. Veux-tu en être le témoin, Johnny ?

- OK, si ça peut m'empêcher de voir ta tronche de cul**…"

 

**Lecteur, vous n'êtes pas Johnny Couillu. Si un inconnu vous offre des bonbons, dites simplement non et courez prévenir un gradé de l'Adeptus Arbites ou un serviteur des Ordos.

 

Johnny rassembla ses esprits en se calant contre la porte. Il plongea sa main dans sa pochette et en retira deux dragées. La première était d'un violet mat pas très engageant. Éraditoxine émétique à large spectre, goût fond de cubi, ça ferait l'affaire. Mais, comme toujours, il n'en avait qu'une par pochette. Il devait choisir auquel de ses deux camarades de régiment la donner…

Une sensation bizarre s'installa dans son ventre. Il se sentit seul et désespéré, perdu dans l'immensité de la galaxie, le souffle coupé. C'était la peur. Pas celle, irraisonnée, que l'on ressent face aux horreurs qui jalousent notre Imperium. Mais celle qui étreint tout soldat lorsqu'il n'est plus avec ses camarades, qu'il ne forme plus un seul corps avec eux : le Marteau de l'Empereur. Celle-ci, lecteur, vous pouvez la ressentir et la craindre. L'autre n'est qu'une construction de votre esprit. Bannissez-la. Bannissez-la maintenant et pour toujours. Ne craignez qu'une chose : ne pas pouvoir prouver à tout moment votre loyauté envers l'Humanité et Son maître.

Mais le Manuel d'Instruction du Garde Impérial est clair : un soldat doit porter secours en priorité les officiers. Johnny le connaissait par cœur. Alors il n'eut plus d'hésitation et lança la dragée violette dans la bouche de Fähnrich. L'effet ne se fit pas attendre : l'enseigne eut un spasme et il vomit un flot rose fluorescent qui macula le sol de la chambre. Cette flaque tressautait comme de la gelée et semblait animée d'une vie propre.

La seconde dragée, perle parfaite habillée d'une feuille d'or, croqua sous les molaires de Johnny Couillu. Encens vespéral du conclave ecclésiarchique des Marches de Markayn ! La fragrance envahit la pièce et surpassa la douceâtre fraise qui y régnait jusqu'alors. Johnny réajusta ses lunettes. Une belle lumière émanait de ses mains vigoureuses.

"- Ma décision est prise : je n'échange pas un pochon de mes dragées contre deux paquets de tes chewing-gums !"

Il balança un crochet du droit vengeur vers la tempe de Balam'Haar qui se couvrit de son bras nu. Le poing de Johnny lui marqua la peau aussi surement qu'une épée  firebrand l'aurait fait ! Balam'Haar se campa sur ses jambes pour recevoir la pluie de coups que Johnny lui assénait. A chacun d'eux, il se courbait un peu plus sous l'assaut. Enfin, un uppercut au menton disloqua la large mâchoire rose et luisante de la créature.

Le dos de Balam'Haar percuta une armoire de fer. Il laissa pendre sa mâchoire mais généra des milliers de fils roses menaçants :

"- Ve vais vous hafer ! Mivérables vumains !"

"- Johnny, attrape ça !"

Ratus lança la bannière du 5ème régiment sinopolite à son camarade. L'immense drapeau émeraude balaya le filaments sur sa trajectoire, et l'aquila furieux qui le surmontait émis un éclat d'or vif lorsque Johnny le leva.

"- Tu voulais dire quoi ? Mâcher, hacher, ou assez ?"

L'aquila radieux rentra dans la gorge de Balam'Haar. Un ichor sirupeux gicla à travers la chambre.

"- Oups ! On le saura jamais !"

"- Il suffit ! Nous nous retrouverons, Johnny Couillu ! Tu serviras bientôt mes maîtres !"

La voix spectrale de Balam'Haar s'était imposée à eux. Elle fut suivie du même claquement sec que lorsqu'il était apparu. L'instant d'après, il ne restait de lui que quelques filaments inoffensifs.

Ratus incinéra en vociférant le reliquat de gelée qui rampouillait encore avec le pistolet à plasma.

"- Ratus ? T'es pas mort ?

- J'ai croqué ta dragée-dentifrice juste avant qu'il me force à avaler son truc ignoble, j'en avais plein la bouche, j'avais plus qu'à tout recracher."

En effet, dans un coin, une mousse abondante au parfum frais enrobait une plaquette grisâtre qui terminait de se déliter.

Johnny avait eu raison : l'Empereur était avec ses camarades. Il est avec chacun d'entre nous lorsque nous nous décidons à vivre et à mourir pour Lui.

 

 

Fin.

 
Johnny Couillu et les Chewing-gums à la Fraise
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